La question est de savoir qui du maître (le créateur) ou de l’esclave (la création ou l’objet) est réellement ce qu’il est: sous la possession de l’autre.
A ce stade de la question, je ne vais pas aborder toute la problématique de l’objet qui se décline sur différents aspects (cf la liste non exhaustive). Alors, oui : la question a plus de sens si tout est traité. Cela donnerait plus de poids.
Liste non exhaustive sur l’objet
on le jette si il est usé ou consommé (aux ordures par exemple) ;
on s’en débarrasse parce qu’il ne fonctionne plus ou qu’il ne nous plaît plus par exemple ;
on le possède jalousement (une montre ou un mobile par exemple) ;
on le manipule pour un besoin quelconque (au travail ou en sport par exemple) ;
- on peut lui prêter tout un symbolisme (âme ou pas âme? par exemple)
et j’en passe les meilleurs.
En lisant la liste, l’objet tient plus du quotidien que de ce sentiment d’appartenir ou pas à son créateur et vice-versa.
Ce qui attise plus particulièrement mon attention, c’est le fait que l’objet a toujours eu une place privilégiée sur le trône de la possession. Après est de savoir qui possède qui au fond depuis des lustres ?
Il s’agit plus d’un pouvoir, d’une appartenance à un groupe…
Aujourd’hui, c’est indéniable. Nous sommes nombreux en laisse avec l’objet (voiture, maison, mobile, montre, guitare, paquet de cigarette, argent, DVD, vêtement, chaussures, grigri et autres objets précieux…). Nous demeurons un esclave converti à la bonne cause du non-être sans même lui avoir demander sa permission ni même son avis. L’objet n’a pas, au sens strict du terme, une conscience qui nous guiderait vers un but. Il s’agit de Matières Inorganiques. Pourtant, on reste posés là, extasiés, asphyxiés, domptés par cet objet qui n’a rien demandé.
Comment des êtres dits évolués soient incapable de se dompter eux mêmes ? Les non-êtres manipulent leurs proies en faisant ce qu’ils veulent d’elles sans même en avoir conscience. Quel extraordinaire pouvoir qu’a la matière transformée sur des êtres aux soi-disant potentiels intellectuels si développés…
La Matière Inorganique détient le pouvoir d’asservir son propre créateur. C’est quand même formidable ! Est ce que certains humains sont masochistes ? Parce que là, ça devient une pathologie irréversible à moins d’une thérapie… Mais, si ils semblent se satisfaire de cette position de dominé ou d’égaux : soit, mais quelles sont les limites ?
Pour certains, j’imagine que cela raisonne comme une idée révélatrice d’une égalité entre matériaux d’un même Père-Univers pour tous. De là, à se positionner comme l’égal d’un objet… n’est-ce pas là un signe révélateur de matérialisme ? On a presque tous l’exemple d’un objet qui nous manipule ou nous impose sa propre loi. L’égalité n’a pas l’air d’être l’attribut de l’objet. Il s’agit d’une illusion inventée par les plus coriaces… pour reconnaître le non-être ou lui donner un statut ridicule.
Le plus drôle, c’est que l’objet profite de sa mainmise sans en avoir une once de conscience reconnue. Et le plus dramatique est que le virtuel le rejoint dans ce pseudo-esclavagisme. Les deux ne forment plus qu’un pour dominer la conscience de l’humain…
En d’autres termes, le jour viendra où l’objet n’aura plus besoin d’une existence tactile. Le virtuel (Internet, le réseau en général, les jeux vidéos…) sera là pour relever un nouveau défi majeur dans l’évolution de certaines mentalités.
Ce n’est pas gagné pour tout le monde en tout cas !
Le plus triste, c’est que j’ai moi-même conscience de ce phénomène de masse qui me touche. Ah, je suis donc aussi un maître-esclave !
Bref, il est intéressant de noter que l’objet a bien sûr son utilité pratique. A partir du moment où l’on sait quand lâcher-prise, l’objet garde sa place et ne devient pas un être vivant.
La vraie question serait : qu’avons nous de plus cher dans notre cœur : la Vie ou la Matière Inorganique?
Emorizo, alias F. Ménez
Copyright ©Tous Droits Réservés, F. Ménez-2017