Nouveau langage, nouvelle pensée?

Cela fait déjà un bon moment que j’écris et que je me pose les mêmes questions sur le lien entre ce qui est écrit et la pensée. J’ai souvent peur d’être en panne sèche en employant les mêmes mots… que n’importe qui pourrait écrire. C’est ce sentiment que j’ai eu en 1999 quand j’ai écrit mon court essai sur l’écriture (extrait de La Pensée). Je partage mes impressions du siècle dernier!

L’Homme ne cesse de glaner des idées, qui les croît propre à sa pensée.

Dans mes mémoires, je faisais part de ce stress occasionné par une pensée qui tendait à s’universaliser. Le fait de penser quelque chose me turlupinait. Etais je le seul à émouvoir les mêmes sensations… ?

La communication est de plus en plus importante dans un monde qui accélère de plus en plus notre rythme cardiaque. On ne cesse d’émaner, toujours plus, les mêmes mots… Les mots doivent évoluer aussi vite que nous évoluons pour pouvoir échanger plus d’idées. Il nous faut réinventer notre propre langage, tout uniment, si on ne souhaite pas plonger dans une mare-peinture – immobile au feu que dégage notre Moi.

Une peur incurable s’est emparée de mon Aile-Utopique qui ne veut se réitérer. Les mots n’ont plus de réels sens pour celui qui les nomme.

Comment être sûr que ce que je pense n’a pas déjà été pensé par un autre ? Comment puis-je être sûr de mes idées fluides ? M’est-il possible de subvertir la pensée qui est mienne ?

J’aimerais pouvoir subsumer mes idées dans ce brouillon dit pluriste.

Nous sommes, somme toute, des êtres individuels qui obéissent à leurs propres émotions, mais nous usons sans cesse des mêmes mots. Les mots lient les Hommes, tandis que nous finissons par nous entortiller dans nos opinions propres.

Des monceaux de mots se combinent et finissent par s’embrouiller.

Nous employons les mêmes mots, mais avec une tonalité qui nous est propre.

En tant que philosophe, poète, nouvelliste,… j’aime à épater mon ami le public par mon originalité, mes jeux de mots. Il faut donc comprendre le pourquoi de mon angoisse qui s’instaure au gré de mes innombrables inspirations.

Heureusement, il me reste l’art.

Nous restons prisonnier des mots qui reflètent à la longue les mêmes idées. Nous sommes de plus en plus nombreux à dicter nos pensées dans la même farine… Il est donc difficile de faire son pain, malaxé de tout cœur.

Il arrivera un jour où on saturera sous le poids des mots… nous serons en rupture de stocks. La farine finira par manquer.

En ce qui me concerne, je suis quasiment en pénurie. Cependant, ne suis-je pas trop pessimiste à l’égard des mots… C’est peut-être ça qui me pousse à chercher toujours plus… !

F. Ménez,  Un nouveau langage, une nouvelle pensée (extrait de La pensée), 1999

Aujourd’hui, j’écris peu mais avec plus d’intensité en me souvenant qu’écrire vient de soi et fond en soi. Les phrases simples peuvent être écrites par n’importe qui. Exemple: « j’aime la couleur de tes yeux trempés dans du beurre de cacahuètes ». Encore que là, j’ai fait exprès de rajouter « beurre de cacahuètes » pour appuyer mon originalité. Si originalité, il y a ! 🙂

Emorizo, alias F. Ménez

Copyright© Tous Droits Réservés, F. Ménez-2016

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