Dans un précédent article, je traitais d’un sujet sur la notion du bonheur effréné recherché dans l’objet… Il s’agissait juste d’une approche. Cette fois-ci, je vais un peu m’attarder sur l’objet en tant que symbole. Je m’approcherai plus de l’aspect ésotérique et/ou psychologique basé sur mes observations personnelles.
Aujourd’hui donc, je vais plutôt écrire sur l’objet ô combien mystérieux.
Cela part d’un constat parmi tant d’autres. Il n’est pas rare de se sentir proche d’un objet ayant appartenu à un être cher ou qui se transmet de génération en génération gardant ainsi la mémoire intacte de ceux qui s’en sont approchés.
J’ose pousser la réflexion un peu plus loin. Imaginons que l’objet ait la faculté d’établir un contact avec le surnaturel: il transporterait avec lui une partie de nous-même. Je dirais même l’empreinte de notre état d’être ou de notre être tout simplement.
N’avez vous jamais eu le sentiment d’être en phase avec un objet ou de ressentir comme une alchimie naissante ? On serait à même de penser que l’objet garderait en mémoire nos transactions avec ce dernier. Plus les interactions seraient nombreuses et intenses, plus l’objet mémoriserait nos ondes. Ainsi l’objet deviendrait un récepteur : il capterait les ondes à plus fortes doses. Tout ne serait qu’une question de temps. Le prolongement des interactions faciliterait la transmission de nos états d’être à l’objet.
Je vais vous interpellé sur un point : il n’est pas rare qu’un objet nous mette mal à l’aise, surtout quand il s’agit de la montre ou une bague d’un défunt. D’où cette réflexion: l’objet projette peut-être des stimuli ondulatoires qui ont pour effet de nous faire réagir en fonction de nos croyances et/ou de notre psyché. Est ce que nous nous contentons de poser sur l’objet un recul psychique ou un regard ésotérique…?
La frontière du réel est parfois trompeuse. Il peut s’agir de phénomènes naturels liés à la sensibilité du psyché de tout à chacun ou alors d’une force mystérieuse (physique ou métaphysique) qui absorbe et retransmet des ondes?
Je remarque souvent qu’un objet appartenant à un tiers, qui nous est cher, prend une allure étrange quand il est en notre possession. On a l’impression d’être avec le dernier possesseur. Un peu comme si la personne d’avant avait donné une part d’elle-même. Est-ce notre inconscient qui décode ce phénomène comme un état transitoire?
En fait, nous sommes liés avec l’autre personne d’une manière invisible en laisse à un attachement inconscient ou mystique.
Un autre constat vient alimenter mes interrogations. Je vous propose l’exemple suivant. La première chose que vous faîtes lorsqu’une personne vous quitte :
- premier cas de figure : la rupture… Vous vous débarrassez de ces objets pleins de souvenirs enfouis en eux. Ne perdons pas de vue que l’objet est la mémoire d’un lien qui nous unit à l’autre. Et une fois ce lien rompu, on cherche à se délier de l’objet aussi.
- Deuxième cas de figure : la perte… Il existe parfois une attraction avec l’objet. On a du mal à s’en séparer. Il génère en nous un sentiment de perte plus profonde aussi bien de l’estime de nous-même que d’un bon souvenir partagé avec le dernier possesseur.
Cela démontre ce lien qu’on tisse avec l’objet : un lien subtil. L’objet n’est pas anodin en soi. Il nous projette vers l’avenir en nous asseyant au présent. L’objet décide de la voie à suivre : je jette ou je garde ; je continue à me souvenir ou je rompe avec le souvenir… En tout cas, vient un moment où l’objet crée en nous soit un malaise soit une nostalgie. Finalement, on ne sait plus vraiment qui décide : notre inconscient ou l’objet.
Dans un tout autre contexte, je constate que l’objet nous possède. Nous ne le possédons pas. Il nous donne la couleur de notre tempérament ou de notre humeur du jour. Un exemple qui me vient à l’esprit. Un jour, mon père m’a donné une polaire. Plus tard, quand je l’ai revêtue, j’ai ressenti au fil des heures de la frustration, de l’irritation, un malaise inexpliqué. Je ne comprenais pas ce soudain état très pesant comme si je portais un poids. Peut-être que mon psyché avait retenu la relation tendue avec mon père étant jeune? Une relation qui, depuis quelques années déjà, s’est largement améliorée. Soit, mon inconscient a couché sur le vêtement le mal être de mon père vieillissant. J’avoue que je reste perplexe sachant que rien ne présageait de cet état à ce moment-là. J’ai dû enlever le vêtement le soir et d’un bloc, je me suis senti plus serein. Je l’ai reporté au bout de quelques semaines et depuis, je ne ressens rien de spécial.
Un autre exemple me vient. Il arrive que d’autres personnes que je côtoie me donnent des objets leur appartenant. Du coup, il se crée un lien de proximité inattendu avec les gens. Il ne s’agit pas d’un sentiment de reconnaissance. Mais plutôt, un fil tendu comme si l’objet était un hameçon et moi l’appât. Je suis comme happé, ligoté à l’autre. Quoique je fasse, les gens reviennent vers moi de manière inattendue et insoupçonnée. Comme si l’objet appelait son ancien possesseur, comme si une force invisible réunissait de manière aléatoire les protagonistes liés à l’objet.
En même temps, en lisant ce qui précède, on est à même de penser qu’il s’agit d’une expérience très subjective. Et qu’il n’y a pas lieu d’en faire tout un fromage. A moins que mon hypersensibilité joue sur ma perception des phénomènes et que je réceptionne ainsi bien plus d’informations que la moyenne au niveau du psyché (de l’inconscient) 🙂 . D’où ce sentiment étrange que les objets habitent encore leurs anciens propriétaires. J’ai le sentiment d’être muselé à l’autre à partir du moment que j’ai encore l’objet en ma possession. J’ai peut-être la chance de percevoir les détails qui paraissent anodins une fois énoncés alors qu’ils sont ignorés si on ne les voit pas 🙂 .
C’est fascinant de vivre l’expérience du dedans avec soi et de ressentir son inconscient. Et du coup, je m’amuse à établir des théories qui ont peut-être que du sens pour moi. Certains diront que l’objet est porteur de notre inconscient intergénérationnel. D’autres critiqueront mon approche en disant que cet article est une perte de temps: alors, je vous pose la question, pourquoi l’avoir lu jusqu’au bout?
Chacun avec sa sensibilité et son vécu est à même de faire sa propre analyse. J’ai lu un article qui visait à présenter un auteur : Serge Tisseron, lequel a écrit un livre au sujet de notre lien avec l’objet: « Comment l’esprit vient aux objets? » (Edition Aubier, 1999). L’existence de ce livre me rassure : je ne suis pas le seul à me poser la question sur ce lien étrange qu’on partage avec les objets. Le livre attise ma curiosité (je ne l’ai pas lu)… en même temps que je construis ma propre analyse. D’ajouter que je n’ai pas poussé plus loin mes lectures… laissant de la place aux vécus.
L’objet aurait -il une âme?
Emorizo, alias F. Ménez
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